Je pense que cette crise est plus grave que celles qu'a connues la Belgique depuis 2007, parce que le monde politique flamand s'est radicalisé, parce qu'il ne semble plus y avoir, tant du côté néerlandophone que du côté francophone, de leader capable de forger un véritable consensus, comme cela a pu se produire depuis 1970 et le début des grandes réformes institutionnelles.

Il faut faire une réponse à plusieurs niveaux. Il y a d'abord un mouvement flamand qui, historiquement, a réclamé de plus en plus d'autonomie pour la région. Une partie de ce mouvement a, au fil de l'histoire, versé dans la revendication de l'autonomie, voire de l'indépendance. Il y a une dimension linguistique et culturelle incontestable.

Depuis le début du XX^e siècle, la Flandre a commencé par revendiquer le respect de sa langue, puis de sa culture, ensuite de sa volonté politique d'émancipation et de sa domination économique. Aujourd'hui, il semble que tous ces phénomènes s'additionnent, et on peut y ajouter une dimension que l'on voit à l'œuvre dans d'autres régions européennes : ce que nous faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux, et, par ailleurs, nous voulons gérer nous-mêmes notre argent.

Incontestablement, parce que la Belgique est plongée, depuis l'été 2007, dans cette crise politique et institutionnelle, et aussi parce qu'on s'aperçoit que dans ce pays fondateur de l'Union européenne, qui a toujours accordé une très grande importance à la dimension communautaire, et qui abrite les institutions européennes, une présidence qui doit démarrer le 1^er juillet n'a pesé d'aucun poids dans les événements des derniers jours.

C'est d'autant plus frappant, encore une fois, que la Belgique a décroché la présidence du Conseil permanent de l'Union et qu'elle aurait pu profiter de cette présidence pour rectifier son image, très abîmée depuis 2007.

Ce qui est clair, en toute hypothèse, c'est qu'une éventuelle partition de la Belgique, que ce soit sur le modèle tchécoslovaque ou sur un autre modèle, d'ailleurs indéfini, poserait des questions importantes à l'UE et à ses Etats membres. L'hypothèse la plus évidente, même si elle reste infiniment minoritaire, le rattachement de la Wallonie à la France ou un contrat d'association entre la Wallonie et la France ne laisserait pas indifférentes d'autres capitales.

Notons cependant que, électoralement, le courant dit "rattachiste" franchit difficilement la barre de 1 % de l'électorat. Pour ce qui est du rattachement éventuel de la Flandre aux Pays-Bas, il n'est désiré ni par les Néerlandais ni par les Flamands. Seul le député populiste néerlandais l'a évoqué il y a quelques mois, davantage comme une boutade sans doute que comme un véritable projet politique.

Crise en Belgique

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